Cahier 2025/2 - Désirer, consentir, vouloir (I)

Cahiers jungiens de psychanalyse

2025/2 n° 162 - Novembre 2025

Sommaire

Éditorial

Par Sophie Braun, Laurence Druet et Laurence Lacour
Désirer, consentir, vouloir, ce titre en tryptique s’est imposé à nous au moment où le thème du consentement retenait notre attention. Le terme consentir, récurrent aujourd’hui et suscitant toutes sortes de productions – juridiques, philosophiques, littéraires, cinématographiques, psychanalytiques –, nous a incitées à lui adjoindre deux acolytes, désirer et vouloir, au vu de la nécessité de se distancier de toute évidence supposée. Pour appréhender le désir et ses émergences dans toute leur complexité, la différentiation est bonne conseillère.

Cette complexité est à situer dans une culture et une époque qui sont les nôtres, ce qui appelle à repenser la théorie jungienne, notamment les concepts d’anima et d’animus à la lumière des études de genre. Mais aussi à témoigner de sa modernité.

Le foisonnement des contributions a vu se dessiner une convergence autour de l’adolescence, point focal où le vertige du désir, sa fragilité, la question du consentement, les enjeux liés au corps et à l’intimité, interpellent les jeunes et les adultes qui les entourent. Place y est faite aux désirs adolescents, au masculin comme au féminin, dans leur versant destructeur autant que créateur, et à leur déploiement au cours de la thérapie. La poésie vient également témoigner de la puissance de ces enjeux.

Les questions du traumatisme et de l’inceste, notamment maternel, traversent l’ensemble des articles cliniques, avec un contrepoint théorique et mythologique autour d’une relecture de l’histoire d’Éros et Psyché. La plupart montrent le désir – et ses manifestations numineuses – comme moteur de transformation dans le creuset transférentiel.

La contribution originale d’une praticienne Feldenkrais éclaire l’espace liminal où se jouent ces transformations. Elle montre comment une écoute fine de soi, via la sensation, conduit à différencier volonté et intention et à éprouver le plaisir du geste.

Enfin, Aimé Agnel dans une libre déambulation à travers l’histoire du rêve, et Flore Delapalme avec une incursion philosophique du côté de chez Montaigne, donnent à cet opus – qui sera suivi d’un deuxième sur le même thème – une coloration presqu’espiègle bien que fort érudite.