23 Mai Rêver de soi
Rêver de soi – Les songes autobiographiques au Moyen-Âge
Textes réunis, traduits et présentés par Gisèle Besson et Jean-Claude Schmitt
Paris, Anacharsis (diffusion par les Belles Lettres), 2007.
https://www.clionautes.org/rever-de-soi-les-songes-autobiographiques-au-moyen-age.html
Gisèle Besson est maître de conférences à l’École normale supérieure de Lyon et chargée d’enseignement à l’EHESS. Elle a récemment dirigé (avec Michèle Brossard-Dandré) la traduction française de la Chronique de Salimbene de Adam de Parme (Honoré Champion, 2016).
Jean-Claude Schmitt, spécialiste d’anthropologie historique de l’Occident médiéval, est directeur d’études à l’EHESS. Il a récemment publié Les rythmes au Moyen Age (Gallimard, 2016).
Aujourd’hui, l’interprétation se fait, rappelle Gisèle Besson : « Par le truchement de la psychanalyse, de la psychologie et une certaine approche scientifique : les rêves partent de notre inconscient, de notre refoulement, de notre histoire passée et nous sont strictement personnels. Or, dans les autres cultures, la place sociale du rêve est beaucoup plus marquée, la pratique en est même parfois rituelle liée à la capacité à mémoriser les rêves et à raconter. Pour le Moyen Âge, le rêve vient de l’extérieur, des puissances supérieures à l’Homme. »
Le mot « rêve » ne s’inscrit dans la langue qu’au XVIIe siècle, il est récent même s’il vient d’un verbe plus ancien, « rêver » qui existe depuis longtemps au sens de vagabonder errer près de la folie ou du délire. Au XVIIe siècle, c’est le moment où l’usage du verbe est attribué au sujet intérieur. Au Moyen Âge, on parlait plutôt de « songe » en rapport avec le mot « sommeil ». Le mot « cauchemar » n’existe pas, il n’a pas d’équivalent en latin car il n’y a pas de besoin de le désigner.
4e de couverture
“Et tout en dormant, je n’ignorais pas que je dormais.” Au Moyen Age comme aujourd’hui le rêve travaillait les consciences. Dans la Bible, les Vies de saints ou la littérature romanesque, les récits de rêves sont innombrables. Les rêveurs ont plus rarement mis par écrit leurs propres songes : pièges diaboliques ou signes de Dieu ? Appels à l’aide d’un parent mort ? Ils cherchèrent à en percer le message. Cet ouvrage explore une trentaine de rêves autobiographiques entre le IIIe et le XVIe siècle, racontés par des dormeurs célèbres tels saint Jérôme ou Albrecht Dürer, ou par d’autres qui l’étaient moins : des moines, des clercs, des religieuses, des marchands, tous soucieux de dire la vérité et d’interpréter leurs songes. Se dessine ainsi une passionnante histoire européenne du sujet, de la conscience de soi et des prémices de la notion d’auteur en littérature, indispensable à tous les curieux d’histoire culturelle et religieuse ou de psychanalyse.