Christian GAILLARD : JUNG CALLIGRAPHE, DESSINATEUR ET PEINTRE – OUVRONS SON GRAND LIVRE ROUGE

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Description

574 – Jung calligraphe, dessinateur et peintre – ouvrons son grand livre rouge

Conférence de Christian GAILLARD , Novembre 2010

Résumé:

Le livre rouge que Jung a créé pendant les années 1914 à 1930, en particulier durant sa « confrontation avec l’Inconscient » est un volume illustré que Jung considérait comme l’ouvrage central de son oeuvre, Liber Novus, materia prima contenant le noyau de tout son travail ultérieur.

Il s’agit d’un ouvrage constitué par la transcription, calligraphiée par Jung et accompagnée de peintures, de scènes ou de rencontres faites par Jung et développées dans le secrêt de son cabinet à partir de la fin 1913, immédiatement après sa ruprture avec Freud. Ce livre s’est clos vers 1930 avec un essai de relance au début des années 1950.

Ce livre a été réalisé par Jung sur la base de notes reprises et calligraphiées à partir de la fin 1913. C’est en 1916 qu’il a publié plusieurs de ses écrits décisifs pour la suite de sa pensée. Et c’est en parallèle avec la transcription dans ce livre de ses rencontres et de ses imaginations, qu’il travaillait comme clinicien, psychologue et enseignant et écrivait plusieurs de ses ouvrages mageurs.

Si l’on se plonge dans le détail de ce livre travaillé avec un grand soin et une grande attention pour la calligraphie et les peintures associées, on est d’abord étonné par ce travail de mise en forme (« gestaltung ») et son caractère évolutif au cours de ces dix-sept années. A cette mise en forme fait pendant un nécessaire travail de compréhension (« verstehen »).

C’est ainsi qu’une première figure c’elle d’ « Izdubar », d’abord seulement ébauché vers 1915, mais accompagné d’un petit personnage suppliant, devient en 1917 un volcan en éruption sortant d’une sorte d’œuf, mais toujours accompagné du même petit personnage suppliant innomé. Cette dé-figuration se poursuit jusqu’à la dernière image du livre en 1930 où l’on voit aussi une boule de feu environnée de têtes plus ou moins esquissées, comme dans des gravures d’Anselm Kiefer. A ce moment Jung abandonne le dessin pour l’écriture, voie qu’il a entamée quelques années plus tôt.

En 1920, on voit réapparaître « Izdubar » dans une scène fleurie où le petit personnage est devenu le principal personnage, arrosant des fleurs, scène à relier avec la découverte par Jung de l’Orient et de ses philosophies à la fin des années 20. Ces fleurs ne sont pas sans rappeller les fleurs décorant le marbre du Taj Mahal.

Mais pour arriver là, il a fallu passer vers 1919 par la rencontre avec l’horreur que l’on voit apparaître dans des images presque irregardables, retrouvées ailleurs plus tard dans une toile de Peter Bighauser de 1958.

Si l’on rentre plus avant au cœur de ce livre, on voit que l’être innomable et la scène des fleurs se font face comme les deux versants d’une contradiction. Ce livre prend ensuite une nouvelle orientation plus équilibrée et plus à notre mesure, illustrée par une peinture parfaitement équilibrée, où l’on retrouve entre notre terre et l’explosion de feu le petit personnage aperçu dans le premier « Izdubar ».

A partir de cette époque, Jung travaille de plus en plus les concepts par l’écrit, mais toujours de sa manière personnelle dans l’expression d’une expérience du rapport à l’inconscient. Cette démarche étonnament façonnée qui est aussi la notre propose une pensée « imageante ». Une autre spécificicité de la démarche jungienne est la mise en perspective de notre histoire collective et donc de notre devenir.

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