« Homo homini lupus », les mécanismes de foule

loups

« Homo homini lupus », les mécanismes de foule

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« L’homme est un loup pour l’homme, est une vérité triste, mais éternellement vraie. L’homme a réellement assez de motifs de redouter les forces impersonnelles qui habitent son inconscient. Nous nous trouvons dans une bienheureuse inconscience à l’égard de ces forces, parce qu’elles n’apparaissent jamais ou presque jamais dans notre activité personnelle au cours des circonstances habituelles de la vie. Mais quand, par ailleurs, les hommes s’agglomèrent et constituent une plèbe, les dynamismes — bêtes ou démons — de l’homme collectif sont alors déchaînés, dynamismes qui séjournent endormis en chacun jusqu’au jour où l’individu devient particule d’une masse.

L’homme au sein d’une masse descend inconsciemment à un niveau moral et intellectuel plus bas que celui qu’il a en dehors d’elle; à ce niveau qui est toujours présent de façon latente sous le seuil de la conscience et qui ne demande qu’à se manifester, qu’à exploser, dès que la formation d’une masse l’appâte et le soutient.
La transformation du caractère qu’entraîne l’intrusion des forces collectives est étonnante : Un être doux et raisonnable peut être pris de folie furieuse, ou transformé en bête sauvage. On est toujours porté à en attribuer la faute à des circonstances extérieures, sans réfléchir que rien ne pourrait exploser en nous si l’explosif n’y avait déjà été présent. En fait, nous vivons en permanence sur un volcan et, selon notre connaissance actuelle, il n’existe pas de moyens humains pour se prémunir contre une explosion possible, qui détruira tout ce qui se trouve à sa portée. »
C. G. Jung, Aspects du drame contemporain, pp. 224-225.

 



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