L’ IMAGINATION ACTIVE


Elie Humbert la définissait ainsi : « Méthode de confrontation avec l’inconscient, élaborée par Jung en 1913.
Elle consiste à amener un affect à prendre figure afin que le conscient puisse entrer directement en rapport avec lui.
Elle emploie tous les moyens spontanés d’expression : imaginer, peindre, écrire, modeler, jouer, danser, parler…
Elle ne se contente pas de provoquer l’émergence et ne cherche pas à interpréter. Elle vise à permettre une « explication active »
avec les facteurs inconscients et, pour cela, met l’accent sur la nécessité pour le sujet de traiter alors les partenaires
imaginaires selon toutes les conditions de la réalité et de se comporter comme dans une situation réelle.

L’imagination active se pratique seul, sans règles ni artifices qui interviennent dans le rapport du sujet et de son inconscient,
sans l’adjuvant d’hallucinogènes ou de techniques de concentration. Elle est particulièrement indiquée après une analyse,
pour garder la relation avec l’inconscient, et, à titre d’hygiène psychique, pour les psychothérapeutes. »

Marie-Louise von Franz a écrit: « L’imagination active est l’outil par excellence, le plus puissant de la psychologie jungienne,
pour atteindre à la totalité – beaucoup plus efficace que la seule interprétation des rêves. »

Carl Gustav Jung a trouvé de façon totalement empirique sa voie vers l’imagination active, et en particulier le chapitre
de «Ma Vie» sur la «Confrontation avec l’Inconscient» nous permet de suivre cette découverte.

Dans «Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or», il écrit :

« [ à chaque fois que la fantaisie doit surgir ] l’activité du conscient doit avoir été à nouveau mise de côté.
Les résultats de ces efforts sont d’abord peu encourageants dans la plupart des cas. Il s’agit surtout d’écheveaux de phantasmes
qui ne permettent pas de discerner clairement leur provenance et leur destination. Les moyens d’obtenir des phantasmes
sont également différents suivant les individus. Pour beaucoup le plus simple est de les écrire ; d’autres les visualisent ;
d’autres encore les dessinent ou les peignent avec ou sans visualisation. Lorsqu’on a affaire à une crispation accentuée du conscient,
il arrive souvent que seules les mains puissent imaginer : elles modèlent ou dessinent des formes qui sont souvent étrangères au conscient.

Ces exercices doivent être poursuivis jusqu’à ce que la crispation de la conscience soit dénouée, en d’autres termes
jusqu’à ce que l’on puisse laisser advenir, ce qui est le but immédiat de l’exercice. Une nouvelle attitude est ainsi créée,
une attitude qui accepte également l’irrationnel et l’incompréhensible, simplement parce que c’est ce qui advient.
Cette attitude serait un poison pour quelqu’un qui de toute façon est submergé par ce qui advient ; mais elle est d’une valeur suprême
pour celui qui, par un jugement exclusivement conscient, s’est toujours borné à choisir ce qui convenait à sa conscience dans
ce qui advient purement et simplement et qui est ainsi sorti de la vie pour échouer dans une lagune stagnante. »
Il inclut ailleurs le mouvement et la musique parmi les moyens qui peuvent permettre d’atteindre ces fantaisies.

Barbara Hannah, dans son ouvrage de référence « Rencontres avec l’âme, l’imagination active selon C.G. Jung », ajoute :
« Il y a, pour négocier avec l’inconscient par le moyen de l’imagination active, une autre méthode que j’ai toujours trouvée d’un
grand secours : la conversation avec les contenus de l’inconscient qui apparaissent personnifiés ».

« Il est une autre règle très importante qu’il faut bien avoir en tête, quelle que soit la technique d’imagination active employée.
ans les situations où nous nous trouvons, à l’intérieur de nous-mêmes, lorsque nous disons ou faisons quelque chose,
nous devons y porter toute notre attention consciente, autant – et même plus – que nous le ferions dans une situation extérieure importante.
Sinon nous resterions dans la fantaisie passive. Mais quand nous avons fait ou dit out ce que nous voulions, nous devons être capables
de refaire le vide dans notre esprit, afin de pouvoir entendre ou voir ce que l’inconscient désire dire ou faire. »

Il s’agit tout d’abord de laisser advenir, puis de se confronter avec les contenus de l’inconscient. Pour cela, le travail doit être fait
par l’ego conscient, c’est la condition pour atteindre l’union des opposés. Comme tout travail avec l’inconscient il requiert un moi
suffisamment fort pour supporter cette confrontation.

Conférences faites au Groupe d’Etudes C.G. Jung

301 – L’imagination active

– Monique LETERRIER

562 – De Dürer à Cranach et de Freud a Jung. Quand le noir devient rouge.

– Christian GAILLARD

563 – Destruction et création aujourd’hui. – Le livre de mes rêves de Federico Fellini

– Christian GAILLARD

603 – Corps et psyché : imagination active et conscience du corps : une approche Jungienne

– Marie D’HUBERT

Ouvrages

C. G. Jung

Ma vie

C. G. Jung

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or


Barbara Hannah

Rencontres avec l’ame, l’imagination active selon C.G. Jung


Marie-Louise
von Franz

Alchimie et imagination active

Perspectives jungiennes

Albin Michel Collection : Bibliothèque Jungienne 1992

Le Signe du Scorpion
: Dans les traditions occidentale de l’Antiquité gréco-latine à la Renaissance
Herne Collection : Mythes et religions 2003

L’éveil de la conscience

Herne Collection : ESSAIS/PHILOSO 2008


Articles – Cahiers Jungiens de Psychanalyse
n° 17 ~ 1978 : Ania Teillard
n° 23 ~ 1979 : Jung et l’Orient Psychologie analytique et voies orientales d’évolution
n° 34 ~ 1982 : Seuils La souffrance et le mal dans l’oeuvre de Jung
n° 44 ~ 1985 : Deux études sur C.G. Jung La dimension spirituelle dans l’oeuvre de Jung
n° 53 ~ 1987 : Rencontre avec Jung La sublimation de Freud à Jung
n° 59 ~ 1988 : Jeux des opposés L’expérience mystique du RIEN et l’expérience jungienne du SOI
n° 98 ~ 2000 : Pères et filiation Jung et la métaphysique
n° 13 ~ 1977 : Images 1 L’imagination active d’après C.G. Jung
– HUMBERT Elie G.
n° 103 ~ 2002 : L’homme et ses rêves L’or du cauchemar. Imagination active avec un enfant
– Krakowiak Suzanne
n° 103 ~ 2002 : L’homme et ses rêves L’épouvante dans les rêves après le 11 septembre 2001.

À propos d’une conférence de Robert Bosnak
– DORLY Claire
n°118 ~ 2006 : Toucher Le frisson du bain
– Delapalme Flore
n° 124 ~ 2007 : Manger les images The Truman Show. Cinéma et imagination active
– Kashani Tony


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