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Aimé AGNEL : HITCHCOCK ET L’ENNUI

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Description

566 – HITCHCOCK ET L’ENNUI conférence de Aimé Agnel, Mai 2010

Résumé

Cette conférence s’articule autour d’une lecture de passages du dernier livre d’Aimé Agnel intitulé « Alfred Hitchcock s’ennuie », qui sera publié prochainement. L’auteur ne se livre pas à une interprétation psychanalytique de l’œuvre d’Hitchcock mais plutôt en dégage une psychologie.
Dans un « vocabulaire de la psychanalyse », on chercherait en vain le mot « ennui ». Pour caractériser cet état d’âme, Aimé Agnel choisit de citer des poètes et des philosophes, ou les plus poètes des psychanalystes. Il prend comme point de départ un propos de Winnicott, qui pratiquait « une écoute sensible, presque musicale, » du discours de l’autre, souvent révélateur d’une « dissociation profonde de l’être ». Puis dépassant la pathologie, il dépeint l’ennui comme « une disposition qui colore par son étrange humeur notre manière de vivre le temps et l’espace » et en propose plusieurs approches : pour le poète Jean-Pierre Georges, l’ennui nous relie à l’enfant exigeant et insatisfait que nous avons été ; Sandor Ferenczi parle de «la névrose du dimanche », Vladimir Jankélévitch de la « mélancolie des jours fériés » et ce dernier, citant lui-même Nietzsche, évoque « l’ennui de Dieu au septième jour de la création »…
S’appuyant sur « Aïon » de Jung, Aimé Agnel inscrit l’ennui dans « l’expérience du mal» à travers deux exemples cinématographiques puisés dans l’œuvre d’Hitchcock soit : « L’ombre d’un doute » et « L’inconnu du Nord Express »… On quitte le registre de l’ennui pour entrer dans celui de la psychose par une lecture du film du même nom, où la perversion du héros naît du lien pathologique à la mère.
Selon Aimé Agnel, ce qui fonde la psychologie d’Hitchcock, c’est sa référence à l’enfance, non à l’enfance telle qu’elle a été vécue mais à une « position d’enfance ». Il s’agit de l’enfant dans l’adulte, ce puer aeternus qui relie les créateurs à leur fond inconscient « où se nouent au plus près l’imagination et la mémoire, et qui contient l’intuition de l’œuvre à venir. »
Aimé Agnel montre comment Hitchcock a construit la trame de ses films à partir d’un « ennui mâtiné de conscience, qui pousse l’individu insatisfait (…) vers une vie plus aventureuse et qui le confronte à son ombre…». Ainsi à travers l’œuvre du cinéaste se dessine ce qui, en l’homme, s’oppose à l’ennui: la recherche de l’événement, la joie des commencements, « qui ouvre en nous malgré sa faible luminosité, l’espace sans limite de la perplexité ».