Christian GAILLARD : DE DÜRER A CRANACH ET DE FREUD A JUNG. QUAND LE NOIR DEVIENT ROUGE

Description

562 – DE DÜRER A CRANACH ET DE FREUD A JUNG. QUAND LE NOIR DEVIENT ROUGE, conférence de Christian Gaillard, déc 2009

Création et individuation

Dans cette troisième conférence sur le thème Création et Individuation, Christian Gaillard s’est proposé de nous entraîner à réfléchir en images sur la différence entre Freud et Jung. Le constat initial est un peu mélancolique: la psychanalyse n’est plus ce qu’elle était. Elle a déçu les attentes mises en elle pour aider chacun dans son rapport à soi-même et aux autres. En explorant les images du congrès de Weimar en 1911, celles de Freud en une photo prise par ses fils, celle de Jung, nous remontons au moment de 1913, de la rupture, après que Jung soit passé, à propos de Miss Miller de l’exploration de l’histoire individuelle à une recherche sur toutes les expressions qu’ont pu prendre dans l’humanité les questions que nous rencontrons dans notre vie.

inconscient et mélancolie

La question centrale est: « qu’en est-il de l’inconscient? » La mise en parallèle des deux œuvres de Dürer (1514) et de Cranach (1532) toutes deux intitulées « Mélancolie » nous incite à penser visuellement la question. Dans la première œuvre, la gravure de Dürer, la mélancolie est lourdement muette, sans passé et sans avenir, il y a interrogation sur l’identité, le personnage principal est-il ange, homme ou femme? L’enfant est une espèce de savant, les objets de poids et mesures sont partout présent, dans le chaos et le désordre. On est dans la retombée, la désillusion, il n’y a plus de mouvement, ni passé, ni avenir.

La peinture de Cranach, d’une grande homologie structurelle et formelle avec celle de Dürer, est en couleurs, le personnage principal est clairement une femme, en rouge, et si le nuage noir menaçant, plein des fantasmagories cauchemardesques est toujours là, les enfants peuvent jouer malgré tout, et le rapport au savoir trouve sa place dans le jeu, avec cette extraordinaire figure de l’enfant sur la balançoire qui est dehors et est poussé du dedans par les autres enfants. Cette mélancolie-là n’oublie rien, fait le lien entre passé et présent, dedans et dehors, elle sollicite le goût de la vie, sans oublier les arrière-plans sombres. Elle est ouverte sur la rencontre.

Le rapport au temps

Le rapport au temps, à l’histoire de Jung et d’un analyste jungien est sensiblement différent de celui de Freud et la différence peut s’apparenter à celle entre Dürer et Cranach, Freud est du coté de la désillusion, de la lucidité sombre, indispensable aussi à une analyse jungienne, alors que Jung veut porter l’attention surtout au potentiel laissé en jachère tout autant qu’aux mauvais pas où nous nous sommes tous trouvés et aux traumatismes qui nous ont marqués et déformés. En cela le travail de l’analyste jungien est à la fois une éthique et une érotique, de la rencontre de l’autre, en soi-même et sur toutes les scènes de la vie. Ainsi Jung répond à Freud comme Cranach répond à Dürer.

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