570 – Lecture jungienne du malaise dans la culture – conférence de Françoise Bonardel, Jan 2010
Cette conférence a été donnée dans le cadre du colloque de janvier 2010: Regards Jungiens sur la société actuelle
Françoise Bonardel propose une confrontation ancrée dans l’actualité mondiale entre le « malaise dans la culture » de Freud et ce que Jung appelle le « drame contemporain ». Tous deux préoccupés par la massification des sociétés postmodernes et par la précarité psychique de l’homme, Freud, pour Françoise Bonardel, « joue la carte » de la civilisation comme moyen de protection des hommes contre la nature et de règlementation des hommes entre eux. En comparaison, Jung a misé sur la « formation » permettant à chaque être humain de s’ « individuer ».
Au terme d’une description du « somnambulisme enfantin » que la massification génère chez l’individu, le conduisant au renoncement à lui-même ou à l’extrême inflammabilité, F. Bonardel aboutit à ce en quoi l’actualité montre la pertinence des avertissements de Jung quant à une menace totalitaire mutante. Cette dernière s’empare désormais de tout ce qui est susceptible de satisfaire narcissisme et instinct grégaire : phénomènes de modes, élans de générosités planétaires, consumérisme élevé au rang de devoir civique, et phénomène religieux comme simple fidéisme collectif reflétant un manque d’expérience intérieure.
L’auteur s’appuie sur la psychologie des profondeurs pour débattre la question contemporaine de la rencontre interculturelle tendant vers une ouverture inconditionnelle à l’altérité et pose la question d’une individuation possible pour l’humanité.
Elle montre, dans l’expérience des dernières décennies de l’humanité, la nette prévalence de l’instinct de mort s’emparant de collectivités fanatisées sur l’angoisse de perdre l’amour de ses semblables.
Rappelant la position de « médecin de l’âme » à laquelle Jung s’est toujours tenu, l’auteur trace l’esquisse du nouvel équilibre planétaire consécutif à la différenciation des attitudes de l’orient et de l’occident depuis les travaux de Jung sur la typologie psychologique.
F. Bonardel insiste sur la singulière conception qu’avait Jung de l’homme moderne comme « celui qui a la plus profonde conscience du présent ». Elle évoque le rôle des médias qui, par-delà l’information, diffusent des « injonctions à la mobilisation infinie ». Partant de la conception qu’avait Jung de l’homme individué, l’auteur montre en quoi celui-ci est enfin capable d’affronter les problèmes du présent. Cet homme plus vaste serait « l’homme du futur ».
L’auteur conclut sur la nécessité d’une appropriation de l’ « art de voir » de Jung, par l’individu qui deviendrait capable de « délier, de délivrer, de transformer et de guérir sur le plan social ».