Conférence de Anne-Marie Baron, 08 Mars 2011
Résumé
C’est une lecture jungienne d’une nouvelle policière exemplaire, qui invente un genre littéraire et le porte d’emblée à la perfection. Un meurtre sanglant, un coupable désigné et pourtant une réelle impossibilité pour le lecteur à démêler innocence et culpabilité. Le jeune étudiant en médecine, Prosper Magnan, est accusé d’un crime sans indices, dont il ne conserve aucun souvenir, et qu’il croit avoir accompli au cours d’une crise de somnambulisme. Cette première intrigue est encadrée dans une autre tout aussi passionnante, puisque l’objet du récit fait, au cours d’un dîner parisien, par l’Allemand Hermann est justement l’étonnante aventure qui a fait de Prosper Magnan un criminel condamné à mort. En déchiffrant attentivement les réactions des convives de ce dîner tout au long de ce récit, le narrateur de la nouvelle soupçonne peu à peu la culpabilité du richissime M. Taillefer dans l’affaire racontée. Je lis cette nouvelle comme la transposition ou la métaphore d’un processus alchimique et spirituel mettant en évidence la parenté de structure décelée par Jung entre les produits de l’inconscient (rêves, rêves éveillés, hallucinations) et les expériences alchimiques, qui, transgressant les catégories du monde, peuvent être considérées comme un trans-conscient.