Lot-649 – WUNENBURGER Jean-Jacques – LA DIABOLISATION DE JUNG, SYMPTOME ET SIGNE DES TEMPS
L’oeuvre de C.G. Jung rencontre dans le monde intellectuel et académique français (en cela très différent de la réception dans d’autres pays) des résistances, des désapprobations voire des condamnations faites de préjugés et de méconnaissance de ses écrits (d’où l’accusation même d’avoir été complice de la pensée nazie !). Alors que Bachelard pouvait encore en 1937 alterner les références à Freud et Jung dans sa « Psychanalyse du feu », les psychologues d’après-guerre vont ostraciser Jung au profit exclusif du freudisme.
On reproche à Jung tour à tour d’être trop empirique et/ou trop métaphysique (l’ombre, le mal, le Soi), de passer de l’étude des rêves de patients aux traditions alchimiques ou chinoises, de penser un processus libérateur d’individuation, au lieu de maintenir le sujet dans l’analyse sans fin.
Comment éclairer cet aveuglément et cette partialité ? Sans doute par la place prise en France par l’analyse freudienne puis lacanienne, avec leur rhétorique abstraite, sophistiquée et jargonnante, par les critiques jungiennes du refoulement et de la centralité de la libido, etc. Mais le point d’achoppement le plus profond ne serait-il pas dans sa conception du symbole et de l’imagination, qui rompent avec des conceptions sémiotiques et associatives, dominantes dans le matérialisme et le structuralisme de la deuxième moitié du XXème siècle ?
Jean-Jacques Wunenburger.