Lot-657 – BONARDEL Françoise – JUNG ETAIT-IL GNOSTIQUE ?
La question fut posée par Martin Buber et certains théologiens chrétiens après la publication de Réponse à Job (1952), et Jung s’indigna qu’on puisse le soupçonner d’avoir embrassé la religion gnostique. Mais ne s’agit-il que de cela ? Moins bien connues que ses relations avec l’alchimie, celles qu’il entretint dès 1910 avec la gnose se révèlent complexes. Déjà très présente dans Le Livre Rouge à travers les Sept Sermons aux morts, la connaissance salvatrice délivrée par la gnose a-t-elle influencé l’élaboration de la psychologie analytique ? Loin d’avoir cessé en 1929 lorsqu’il découvrit l’alchimie, l’intérêt de Jung pour la gnose demeura intact, et cette « passion de la pensée et de la connaissance” nourrit en profondeur toute son oeuvre et explique en partie pourquoi il a toujours préféré savoir – au sens gnostique du terme – plutôt que croire. Ainsi la gnose éclaire-t-elle également la vision jungienne de la religion à-venir. Le débat sur cette question est donc loin d’être clos, et la meilleure connaissance qu’on a aujourd’hui des écrits gnostiques ne fait que confirmer la pertinence des intuitions de Jung.
Françoise Bonardel
Philosophe et essayiste française, Françoise Bonardel est Professeur émérite à l’Université de Paris1 Panthéon-Sorbonne où elle a enseigné la philosophie des religions de 1999 à 2009. Agrégée de philosophie, elle est titulaire d’un doctorat d’Etat es-lettres et sciences humaines portant sur la présence de la pensée alchimique dans la culture moderne et contemporaine. Membre de l’Institut d’Etudes Bouddhiques (IEB) depuis 2001, elle y donne des cours sur l’acculturation du bouddhisme en Europe et ses relations avec la philosophie occidentale.
Auteur d’une quinzaine d’ouvrages portant sur des traditions anciennes (alchimie, hermétisme, gnose ) et des questions contemporaines telles que l’acculturation du bouddhisme en Occident (Bouddhisme et philosophie, 2008) et la crise de la culture (Des Héritiers sans passé, 2010). Elle a plus récemment publié Prendre soin de soi – Enjeux et critiques d’une nouvelle religion du bien-être (Almora, 2016) ainsi que Jung et la gnose (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).